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vendredi, 14 mai 2010

Revue de détail n° 23

(Cette chronique est parue dans Le Magazine des Livres n° 23.)

LE GROGNARD n° 12

grognard12.jpg« Littérature, Idées, Philosophie, Critique et Débats », précise en sous-titre la revue trimestrielle Le Grognard, qui vient d'atteindre à Noël son douzième numéro, toujours aussi combative dans la dénonciation des travers actuels et dans la réhabilitation d'auteurs oubliés du passé. Une livraison riche et diversifiée,  avec des textes de Kenneth White, Bertrand Redonnet, Joaquim Hock, Stéphane Beau et la suite de ses Contingences, une entrevue avec Tanguy Dohollau, auteur du roman graphique Pas à pas, à l'écoute du silence, une présentation de la rebelle américaine du 19e siècle Margaret Fuller, une étude de François-Xavier d'Arbonneau sur une biographie d'Oscar Wilde, des notes de lecture, bref, une véritable revue qui, sous son aspect volontairement rétro avec ses vieilles lettrines, poursuit la redécouverte de personnalités littéraires hors normes du passé et entretient le débat d'idées.

 Signalons par ailleurs un hors-série paru en 2009, « Georges Palante et la génération honnnie », sous la direction de Stéphane Beau et de Goulven Le Brech. C'est en 1913 que Palante consacre sa chronique du Mercure de France à sa génération, qui n'a pas bonne presse : « génération névrosée, décadente, en proie au mal de l'analyse, à l'opium déterministe, à la narcose pessimiste, au dilettantisme vieillot, à l'immoralisme éhonté ! J'arrête là la liste des gentillesses dont on nous gratifie. » Et cependant, ces penseurs emportés par le vent cruel de l'histoire sont d'une grande tenue et pourraient apprendre encore bien des choses à nos universitaires contemporains. Le dossier, qui présente Georges Palante, précurseur oublié de la sociologie de l'individu, Frédéric Paulhan, Ludovic Dugas, Louis Estève, Emile Tardieu, Jules de Gaultier, Louis Prat, tente de réparer une injustice et sera pour beaucoup de lecteurs une découverte émouvante et intéressante. 

Le Grognard, éditions du Petit Pavé, BP 17, Brissac-Quincé, 49320 Saint-Jean des Mauvrets. 34 pages, 7 €.

http://legrognard.hautetfort.com/

 

jeudi, 01 avril 2010

Revue de détail n° 22

FICTION n° 8

fiction8.jpgDésormais soutenue par le Centre national du livre et la région Rhône-Alpes, Fiction est devenue le rendez-vous incontournable des amateurs de fantastique. Précisons que la revue Fiction fut pendant 37 ans l'édition française de la revue littéraire nord-américaine Fantasy & Science Fiction avant de disparaître du paysage éditorial en 1990. Elle a connu sa renaissance en 2005, grâce à un passionné, André-François Ruaud, fondateur de la maison d'édition Les moutons électriques, qui a décidé courageusement de reprendre cette publication.

Au sommaire de ce « tome » (à préférer à numéro) 8, des auteurs de divers horizons comme Paolo Bacigalupi, Anna Feruglio Dal Dan, Kathleen Ann Goonan, Harry Morgan, Jeffrey Ford, Michael Swanwick, Vandana Singh, Timothée Rey... Les deux animateurs des Moutons électriques contribuent à cette livraison par des essais : Raphael Colson, sur le renouvellement de la tradition de la science-fiction critique par des auteurs absolument extérieurs au milieu ; André-François Ruaud, sur le courant actuel d'une fantasy qui plonge dans le conte de fées pour explorer de nouveaux thèmes.

Sous une belle couverture rouge et à rabats signée Antonio Seijas, ce tome 8, qui regroupe plusieurs illustrateurs de talent, bénéficie de magnifiques gravures de Grandville (1803-1847), satiriste et dessinateur aimant par-dessus tout déformer les silhouettes et jouer avec les formes animales. Ces gravures, scannées par l'éditeur à partir d'un exemplaire d'Un autre monde, ouvrage jamais réédité, confèrent un attrait supplémentaire à une revue qui donne autant à lire qu'à voir.

 

Fiction, Les moutons électriques éditeur, 245 rue Paul Bert, 69003 Lyon. 336 pages, 23 €. http://www.moutons-electriques.fr/

 

mardi, 08 décembre 2009

Revue de détail n° 21

(Cette chronique est parue dans Le Magazine des Livres n° 20.)

 

LES MOMENTS LITTERAIRES n° 22

D'une présentation sobre et classique, la revue de littérature que Gilbert Moreau consacre à l'écriture de l'intime s'est bien installée depuis plus de dix ans dans le paysage des revues de qualité. Ce numéro 22, passionnant de bout en bout, permet de découvrir ou d'approfondir notre connaissance de Fred Deux.

Peintre, écrivain, Fred Deux est né en 1924. Son œuvre littéraire, centrée sur l'autobiographie, offre un triptyque d'une richesse peu commune, composé de récits écrits, de journaux intimes et de récits parlés. Tout commence avec un livre d'une grande force, La Gana, publié en 1958 sous le pseudonyme de Jean Douassot, où il raconte son enfance et son adolescence dans la cave d'un immeuble à Boulogne-Billancourt. Il demeure là, entre les murs suintants d'humidité, redoutant la menace des égouts qui débordent, avec sa famille, sa mère soumise, son père alcoolique et coléreux, son oncle fou qui se suicide. Et c'est pourtant en ce lieu qu'il développe sa passion pour le dessin, qui l'accompagne toute sa vie. « Le dessin est nécessaire à l'écriture et réciproquement. » Plus tard, revenant sur ces souvenirs, Deux a livré une autobiographie parlée et enregistrée (24 CD édités par André Dimanche). Toutes ces pratiques bien différentes au service d'une même recherche fiévreuse et infatigable. A la question « Avez-vous des projets littéraires ? », il répond : « Autant pour l'écriture que pour le dessin, si je m'avance dans un projet, c'est pour qu'il me conduise vers ce que j'ignore. L'envers d'un projet donc. »

 

Les Moments littéraires, B.P. 30175, 92186 Antony Cedex. 128 pages, 12 € http://pagesperso-orange.fr/lml.info/

 

jeudi, 15 octobre 2009

Revue de détail n° 20

(Cette chronique est parue dans Le Magazine des Livres n° 19.)

 

L'ATELIER DU ROMAN n° 58

51TzoVWjlVL._SS500_.jpgPubliée maintenant par le seul éditeur Flammarion - après 17 numéros sous le label franco-québécois Flammarion-Boréal - la revue L'Atelier du Roman dirigée par Lakis Proguidis continue sa voie originale et productive : elle n'est pas une revue universitaire juxtaposant des textes de spécialistes, mais un lieu où se rencontrent les romanciers pour discuter librement de leur art.

Pour cette livraison, L'Atelier choisit de consacrer à Henry de Montherlant le plus gros dossier de son histoire : « Derrière les masques, l'écrivain » regroupe 17 participants avec entre autres Dominique Noguez, Florian Zeller, Philippe Sollers, Philippe Delerm, Gabriel Matzneff, Patrick Grainville. On peut aussi lire deux textes rares de Montherlant, des lettres inédites de Gide, Claudel, Aragon, Paulhan ainsi que des lettres de Montherlant à Matzneff et à Jouhandeau. « Ce qui est sûr, c'est qu'il a réussi à agacer des vagues successives et très variées de bien-pensants. On pourrait même en faire le saint patron des mal-pensants. » indique Noguez en introduction. Dans ce même numéro, et toujours dans l'optique de combattre les bien-pensants, il est aussi question de Philippe Muray, de Fernando Arrabal, du massacre de Katyn, du terrorisme et du roman, du totalitarisme sanitaire et du Londres hyperfestif (Good-bye l'Europe, par Mehdi Clément). Le tout, comme à l'ordinaire, illustré par les dessins en contrepoint subtil de Jean-Jacques Sempé.

 

L'Atelier du roman, Flammarion, 87 quai Panhard et Levassor, 75647 Paris Cedex 13. 240 pages, 15 €.

 

lundi, 18 mai 2009

Revue de détail n° 17

(Cette chronique est parue dans le magazine des livres n° 16.)


LE GROGNARD n° 8

 

grognard8.jpgLe Grognard a pour lui deux atouts : son nom qui annonce la couleur et son bel aspect (papier bouffant, couverture sur Centaure Ivoire 250 g et lettrines à l’imitation de certaines revues prestigieuses du 19e siècle). S’ouvrant sur une nouvelle habile et bien écrite d’Alain Nadaud, il présente, fidèle à son objectif de redécouvrir des auteurs un peu oubliés des deux siècles précédents, Benjamin Fondane. L’œuvre de Fondane (1898-1944) n’est pas très connue en France, si on la compare à d’autres penseurs d’origine roumaine, comme Emil Cioran. Un entretien avec Olivier Salazar-Ferrer, qui lui a consacré un livre, permet de faire connaissance avec cet auteur : « C’est une œuvre d’insoumission. Partie d’une certaine fascination pour la forme poétique symboliste, pour la perfection formelle et ses enchantements, elle s’en sépare très tôt pour la briser, pour loger dans son autonomie formelle, mallarméenne, des dissonances, des accords faux et terriblement humains qui expriment plus complètement notre humanité que des accords parfaits. »

Au sommaire également, Stéphane Prat, Pascale Arguedas, Emile Faguet. Stéphane Beau nous distille une série de « Contingences » : « On a trop souvent tendance à mesurer la valeur d’un auteur au nombre des livres qu’il a écrits… J’ai la faiblesse de croire que la valeur d’un auteur devrait surtout se mesurer au nombre des livres qu’il a eu la sagesse de ne pas écrire. »

La revue est désormais diffusée par les éditions du Petit Pavé.

 

Le Grognard, 40 pages, 7 €. http://legrognard.hautetfort.com/

 

dimanche, 01 mars 2009

Revue de détail n° 16

(Ces chroniques sont parues dans Le magazine des livres n° 14.)

 

COMME EN POESIE n° 35

Jean-Pierre Lesieur ne se présente plus dans les milieux de la poésie. Militant littéraire de longue date, revuiste impénitent depuis plus de 35 ans, il a été co-fondateur du Puits de l’ermite, directeur de la revue Le Pilon, et finalement depuis 2000 homme à tout faire de Comme en poésie, revue de poésie sur papier et sur internet. Sa dernière entreprise trimestrielle privilégie le poème, mais est aussi ouverte à différentes formes d’écritures, de dessins, de photos, de chanson, de mail art, de petites annonces humoristiques, de contes, de nouvelles, etc. Lieu de discussion, d’échange et d’ouverture sur la poésie en train de se faire, elle n’oublie pas ce que nous devons aux poètes passés.

Réalisée à la maison avec une couverture en couleur, gardant un peu de l’aspect décontracté et sympathique des revues artisanales des années 70 et 80, elle séduit par son indépendance, sa régularité et sa volonté de diffuser de nouvelles voix et de les porter vers un public. Ce numéro 35 présente ainsi des textes de nombreux auteurs dont Mahic, Le Cam, L’Hostis, Argenté, Chinour et des dessins de Claudine Goux. Sans oublier des informations, des coups de cœur, des comptes-rendus de recueils ou d’autres revues. Et tout cela avec constance et sans lassitude, en gardant le goût de la découverte poétique et le sourire. Comme le dit notre homme-orchestre avec humour : « La revue est entièrement pensée, fabriquée, envoyée par Jean-Pierre Lesieur. Vous ne la trouverez nulle part autre que par abonnement. Ne la cherchez pas dans les librairies, ni dans les grandes surfaces. Si vous y voyez Lesieur ce n’est pas la revue c’est une bouteille d’huile. »

 

Comme en Poésie, 2149 avenue du Tour du lac, 40150 Hossegor. 56 pages, 3 €. Un an, 12 €. http://comme.en.poesie.over-blog.com/ 

 

 

SIECLE 21 n° 13

 

siecle21_n_13.jpgCette solide revue semestrielle ouvre son numéro 13 sur un dossier « Ecrivains contemporains de Berlin », préparé par Nicole Bary. « Aujourd’hui, c’est une véritable renaissance que connaît Berlin réunifiée, redevenue capitale, la ville sans doute la plus vivante et la plus porteuse d’avenir en Europe ». Cécile Wajsbrot, Alain Lance, Marica Bodrozic, parmi d’autres signatures, apportent leur contribution à ce panorama.

Après un Hors-cadre consacré à Carlo Bordini, écrivain et poète italien, un dernier dossier a pour thème le train. Des écrivains du monde entier nous emmènent sur les chemins de fer d’Inde, de France, de Bulgarie, de Pologne, de Croatie, d’Afrique ou du rêve. Poèmes, nouvelles, souvenirs... on vérifie une fois de plus que le train est un thème éminemment littéraire.

 

Siècle 21, 2 rue Emile Deutsch de la Meurthe, 75014 Paris. 192 pages, 17 €. http://siecle21.typepad.fr/

 

 

samedi, 17 janvier 2009

Revue de détail n° 15

(Cette chronique est parue dans Le magazine des livres n° 13.)

 

atellierroman55.jpgL’ATELIER DU ROMAN n° 55

Bien installée dans le paysage revuistique, co-éditée par Flammarion et le canadien Boréal, la belle et copieuse revue trimestrielle dirigée par Lakis Proguidis poursuit sa réflexion sur l’art du roman et ses rapports au monde. Ce numéro 55 est un spécial Chesterton (1874-1936), choix justifié dans l’ouverture : « Ce n’est pas seulement pour rendre hommage à « l’un des premiers écrivains de notre temps », selon les termes de Borges, que L’Atelier du roman propose de revenir à Chesterton. C’est pour son actualité : nul auteur du XXe siècle n’a autant que lui scruté le gouffre béant creusé dans chaque âme par l’idéologie du progrès. Gouffre d’où jaillit, nous le constatons chaque jour davantage, soit l’homme soumis aux lubies inhumaines de la science, soit le soldat vengeur et destructeur au nom de son Dieu. » Le dossier comprend entre autres des articles de Gilles Marcotte, Jean-Pierre Ohl, Marie-Andrée Lamontagne, Jarl Faidit, Lambros Kampéridis, Stephen R.L. Clark, Olivier Maillart.

Dans A la une, texte qui ouvre la publication, Benoît Duteurtre livre un regard critique et distancié sur l’actualité, et notamment sur les travers de la SNCF, dénonçant « la dérèglementation accélérée des tarifs, devenus incompréhensibles, sauf dans la loterie permanente où l’on peut gagner, sur Internet, des billets moins chers, aux jours et heures fixés par la compagnie. ». Une section « Les Cahiers de l’Atelier » donne un espace à d’autres voix : Georges Saint-Clair, Nunzio Casalaspro, Andrea Inglese. Enfin, comme à chaque numéro, les fins et subtils dessins de Sempé ponctuent les études et en disent autant, sinon plus, que les mots.

 

L’Atelier du roman, Flammarion, 87 quai Panhard et Levassor, 75647 Paris Cedex 13. 224 pages, 15 €.